Texte de Jean Claude Gallotta. Chorégraphe .

Sous la douche ce jour, je pense laconiquement a la sagesse et regarde ce corps se laver sans intention. Je me demande qui il est, ce corps mouillé. Un ami ? Un étranger ? Il me semble le connaitre à la fois beaucoup et pas du tout. Il dirige lui-même son système sympathique et parasympathique sans m’informer du moindre signe. Il mène une double vie.

Je me mets à lui parler, a ce corps-duel, a chaque partie qui veut bien m’écouter : Pieds, soyez sages en vieillissant et ne vous tordez pas quand je vais a mon rendez-vous amoureux.

Jambes, ne perdez pas le tonus et la force quand la maladie me clouera au lit des regrets et des ignorances.

Hanches, ne vous déplacez pas quand la danse est trop sure et qu’elle m’évite le doute et la foi.

Sexe, ne gonflez pas quand l’autre en face n’est pas pour moi.

Ventre, ne gargouillez pas quand a l’église on veille ensemble un ami mort.

Poils de poitrail, ne blanchissez pas plus vite que mes cheveux.

Mains, ne tremblez pas parce que Mathilde est revenue.

Bras, enlacez doux, même si le désir n’y est plus beaucoup.

Paupières, ne vous fermez pas pour ne pas voir des choses pénibles et folles.

Et enfin, bouche, ne parlez pas même si vous pensez avoir raison.

Au terme des ablutions, l’eau commença à sécher lentement, laissant le vide et l’empreinte sur le carreau. Je me suis mis à penser a plein de détails élançant mon corps ravi.

Il semblait plus sage tout d’un coup. Il maitrisait maintenant mon esprit réjoui.

Post-scriptum. A la question posée : qui aujourd’hui pourrait mériter le nom de sage ?? Je répondrai : toute personne qui tente le dialogue avec son corps peut être une des voies de la sagesse ».

« Ladies Rock »Compagnie Jean Claude Gallotta.

Texte de Jean Claude Gallotta. Un chorégraphe et sa compagnie  à découvrir.