
La face féminine du Divin : généralités.
Aux origines de l’histoire de l’humanité le sacré était féminin : Les chasseurs-cueilleurs associaient les rythmes de la nature, la magie de la naissance a la femme et son pouvoir de procréation.
Les femmes donnaient la vie et les hommes n’avaient aucune conscience de leur rôle procréateur, et accordaient la magie de la naissance aux seules femmes.
Le mythe de la création donna une ancêtre unique à l’ensemble de l’humanité et au monde : La Grande Mère Cosmique.

Le Féminin sacré des origines était solaire
Dès le paléolithique, on voit apparaître des statuettes d’argile de la femme, qui témoignent d’un culte très ancien de la fécondité. Il semblerait que les temps les plus anciens de l’humanité étaient matriarcaux. La maternité était une évidence et c’est en toute logique que la seule parenté reconnue était celle de la mère. La femme donnait la vie , et transmettait a la fois son pouvoir et ses possessions.
Le Féminin sacré des origines était solaire . Dans les langues celtiques et en allemand, le Soleil est féminin, la Lune masculin. A Babylone le dieu Sin était lunaire, tout comme Osiris en Egypte…..et la Grande Déesse des origines était associée à l’arbre de vie, à la procréation et aux plaisirs qui y sont associés. Elle seule pouvait communiquer avec l’invisible, le sacré. La femme de ces temps très anciens était chamane, guérisseuse, magicienne et prêtresse.
La naissance des cités, l’organisation militaire de la société fit prendre conscience aux hommes de leur force . Ils créèrent pour justifier leur prise de pouvoir, des dieux dominateurs à leur image. Les femmes devinrent alors simplement garantes de la procréation, dispensatrices d’un indispensable plaisir et ,au sein de certaines civilisations, un bien précieux, une marchandise, une servante….une esclave.

C’est l’apparition du Dieu Mâle en Mésopotamie il y a 6000 ans ,qui semble a l’origine de cette « dramatique » mutation culturelle : Le dieu Mardouk en vient à tuer sa mère Tiamat (un serpent gigantesque…) pour s’emparer du pouvoir qu’elle détenait jusqu’alors.
Issue des traditions sumériennes, la Genèse biblique demande à l’homme de dominer et d’exploiter la Nature , ses forces vives, donc la femme elle-même. Le serpent auquel Eve succombe ,sera présenté comme l’ennemi, le corrupteur et associé à la femme corrompue………….La Grande Déesse solaire devient lunaire et un simple reflet d’elle-même. La Déesse des origines perdit ainsi son trône.
Les dieux mâles, et les hommes prennent le pouvoir.…
La Nature devint un élément chaotique, hostile, qu’il fallait tenir à distance ou apprendre à dominer. Il en fut de même pour la féminité qui, ayant perdu sa couronne sacrée, n’était plus qu’un cortège de provocation. Les femmes sont des fauteuses de troubles et de désordre social, car elles sont associées a la magie et aux pouvoirs occultes. Elles sont dans le christianisme le péché, la perdition ….Des lors, les déesses sont occultées, les prêtresses combattues, persécutées, brûlées (chasse aux « sorcières »).
La féminité et les femmes seront associées aux œuvres du diable.

Lilith, la première femme d’Adam et réminiscence de la déesse mère, sera associée à l’aspect négatif du serpent. Diabolisée par le pouvoir mâle, elle représente, aux temps bibliques, le matriarcat révolu, la féminité dangereuse pour le pouvoir des hommes. Rejetée par Adam, chassée du paradis, Lilith est reléguée aux abîmes où elle sera la compagne de Lucifer. Ce mythe, associé à la « faute » d’Eve va contribuer à dévaloriser la féminité en lui ôtant tout caractère sacré et la mettant définitivement du cote du péché originel !!!!! Ce mythe va justifier la domination et le contrôle rigoureux de l’homme sur la femme dans les trois religions du Livre.
LA DEESSE MERE CELTIQUE

Chez les anciens celtes le monde fut créé par la Mère des dieux et des hommes : Dana, ou Anna. Elle incarnait la fertilité, le pouvoir , la beauté et l’opulence de la Nature. Elle était aussi le Terre Mère nourricière. Tout comme Gaïa en Grèce ou Lakshmi en Inde, Dana s’est démultipliée en une quinzaine de divinités féminines. La position dominante de la déesse offrait aux femmes une place élevée et respectée dans la société celtique ; elles avaient accès à la prêtrise , et dirigeaient les rituels de fécondité. L’Eglise et ses missionnaires ont eu fort à faire avec la grande déesse Celte et ses représentantes, prêtresses et magiciennes. La lutte fut âpre, les bûchers ne suffisant pas à éradiquer l’ancien culte, il fallut user de la ruse. C’est ainsi qu’Anna ( Dana) devint la mère de la Vierge, sainte Anne. Les lieux de cultes antiques furent récupérés par l’Eglise : nombre de chapelles et de cathédrales furent bâties sur d’anciens sanctuaires de la déesse.
Persistance active et pouvoirs de la Déesse en Inde
Lorsque Shiva était absorbé dans sa méditation sur le mont Kaïlash, les dieux lui envoyèrent une déesse, Parvati , car la conscience mâle immobile ne pouvant rien sans l’énergie sacrée et active de la féminité cosmique. Aucun pouvoir divin mâle n’est actif s’il n’est mu par le pole sacré de la féminité. Tout le panthéon de l’Hindouisme est bâti sur ce modèle : Brahma, le créateur, est flanqué de Sarasvati, protectrice des arts. Vishnou, le conservateur, a pour compagne Lakshmi, déesse de l’opulence et des richesses. Et il en est de même pour tous les autres dieux.
En Inde la Dévi continue de jouer un rôle cosmique majeur, elle est l’expression de la Mère Divine et reçoit un culte particulier des adorateurs de la Shakti (puissance féminine) . La féminité y est elle épanouie, magnifiée et sacralisée . L’Inde a connu un grand nombre de saintes femmes et en connaît encore ; elles sont considérées comme des incarnations de la Mère Divine. L’Inde elle-même n’est elle par nommée par ses habitants : « Mother India » .Elle est le dernier bastion de la femme sacrée.
L’union de Shiva-Shakti dans le Tantra

L’inde a su conserver ce caractère sacré de la féminité. Les dieux ne peuvent agir sans une énergie personnifiée par une déesse qui leur est toujours associée . Le symbole de ce mariage est le Shiva Arnadeshwara réunissant en un seul corps le dieu et la déesse : le dieu Androgyne, but de toute ascèse.
Tout au long de l’histoire jusqu’ a nos jours le caractère sacré de la féminité se manifeste sous des formes inattendues et variées : réhabilitation de la Grande Déesse Mère, au moyen âge, sous la forme de la Vierge Marie, mère de Dieu, actuellement le nouveau regard sur la nature, la prise de conscience que la Terre est un être vivant ,et le développement des mouvements écologistes . Mais aussi la résurgence des antiques prêtresses des mouvements celtiques, le retour du chamanisme, des mouvements féministes et le nouveau rôle de la femme dans le monde contemporain
