Sri Aurobindo .
Sri Aurobindo a un parcours atypique car il est à la fois un des leaders du mouvement pour l’indépendance Indienne, un poète, un philosophe, un mystique. Son parcours très personnel lui a permis de développer une nouvelle approche du yoga : le Yoga Intégral.
« Toute la vie est un yoga. Par ce yoga intégral, nous ne cherchons pas seulement l’Infini : nous appelons l’Infini à se révéler lui-même dans la vie humaine. »
Les débuts
Aurobindo Ghose (la forme sanskrite de son nom est « Aravinda, « lotus ») est né à Calcutta en 1872.dans une famille de la caste des kshatriyas . À l’âge de sept ans, ses parents le conduisirent en Angleterre ou il fit ses études primaires, secondaires et supérieures. En 1889, il entra à l’Université de Cambridge grâce à une bourse d’études de lettres classiques .Deux ans plus tard, ayant brillamment réussi ses examens, il avait acquis les titres nécessaires pour entrer dans l’administration de l’Inde, mais il refusa .
En 1893, il retourne en Inde et entre au service administratif de la principauté de Baroda :
Il fut professeur de français d’abord, puis d’anglais. au « Collège » de Baroda, Il en devint ensuite Vice-Directeur . Il perfectionna sa connaissance du sanskrit et apprit d’autres langues indiennes. .
En 1901, à l’âge 29 ans, il se maria avec Mrinalini Bose, âgée de 14 ans( elle décéda en 1918) .
Sri Aurobindo et la vie politique
Dès son retour il s’intéressa à l’évolution politique de l’Inde . A la suite de la Partition du Bengale (1905), il devint directeur du National Collège du Bengale, a Calcutta et s’intéressa à la vie politique .
Son activité politique avait trois objectifs :
La propagande révolutionnaire clandestine, qui devait conduire à une insurrection armée .
La propagande ouverte, visant à convertir le peuple à l’idéal de l’indépendance que beaucoup, à l’époque, considéraient comme chimérique et inaccessible .
L’organisation d’une opposition unifiée, capable de saper les fondements du gouvernement britannique par une non-coopération croissante et par la résistance passive.
Les poursuites judiciaires du gouvernement contre lui, en tant que rédacteur en chef du journal d’opposition Bandé Mataram, en firent l’un des dirigeants reconnus du nationalisme au Bengale.
En 1908, soupçonné d’avoir été mêlé à une affaire de fabrication de bombes, il fut arrêté , incarcéré il restera en prison jusqu’en mai 1909.
Acquitté, il poursuivit pendant quelque temps son activité politique et journalistique, fonda deux hebdomadaires. Parallèlement à son activité politique il professait déjà l’idéal d’un yoga dynamique conciliable avec l’action dans le monde, capable d’une transformation complète de la nature humaine.
Pendant ce temps, le gouvernement cherchait un prétexte pour écarter Sri Aurobindo de la vie politique, au besoin par la déportation.
Une nuit, alors qu’il travaillait au bureau du journal Karmayogin, il fut averti que la police avait l’intention de perquisitionner et de l’arrêter. Tandis qu’il délibérait sur la conduite à tenir, il reçut l « ordre d’en haut » d’aller à Chandernagor,. Il partit aussitôt et vécut y deux mois plongé dans la méditation et à l’écart de toute activité. Puis il reçut un deuxième ordre intérieur: aller à Pondichéry( alors un comptoir francais). S’embarquant sous un faux nom, il arriva à Pondichéry le 4 avril 1910.
Ce fut la rupture définitive avec sa vie passée.
Il décida alors de se consacrer entièrement au yoga.
C’est là qu’il rencontra pour la première fois le Français Paul Richard, dont l’épouse Mira Richard allait jouer un grand rôle dans sa nouvelle vie.
En août 1920, Sri Aurobindo fut invité à présider le Congrès National Indien. Il déclina l’offre et refusa de retourner à l’activité publique et politique.
Son éloignement de la politique ne pouvait être ainsi interprété, puisque le principe même de son yoga était non seulement de réaliser le Divin et d’atteindre à la pleine conscience spirituelle, mais encore de faire entrer la vie tout entière et toutes ses activités dans le champ de cette conscience et de fonder la vie sur l’Esprit.
De sa retraite, Sri Aurobindo suivait de près le déroulement des événements dans le monde entier aussi bien que dans l’Inde, et y intervenait effectivement chaque fois qu’il le jugeait nécessaire, mais uniquement avec sa force spirituelle, dans le cadre d’une action silencieuse.
A deux reprises, cependant, il sortit de cette réserve :
la première fois, en 1940, au début de la Seconde Guerre mondiale, parce qu’il voyait derrière Hitler et le nazisme des forces démoniaques dont la victoire signifierait l’esclavage de l’homme à la tyrannie du Mal et un recul brutal du cours de son évolution, surtout sur le plan spirituel ;
la seconde fois, en 1942, pendant les négociations avec le Gouvernement britannique au sujet de l’indépendance de l’Inde.
Les écrits de Sri Aurobindo :
Le 15 août 1914 parut le premier numéro de l’Arya, revue de grande synthèse philosophique, où Sri Aurobindo exposait sa vision de l’homme et de l’histoire, du destin divin de l’humanité et du chemin pour y parvenir, de l’ascension de la société humaine vers l’unité et l’harmonie, , du sens profond des Védas, des Upanishads , de la Gita et de l’esprit et de la signification de la culture indienne. La publication de l’Arya se poursuivit jusqu’en 1921.
En 1922, une demeure fut achetée permettant ainsi de créer une base matérielle permanente où Sri Aurobindo et ses disciples pourraient vivre et poursuivre leur travail intérieur, c’est ainsi que se constitua l’Ashram de Pondichéry .
Une vision
« Le 24 novembre 1926 vit la descente de Krishna dans le physique. La descente de Krishna signifierait la descente de l’attribut divin du surmental, préparant, sans être lui-même le supramental, la descente du supramental et de l’Ananda ( la Félicité). »
Dès lors, Sri Aurobindo interrompit tout contact direct avec ses disciples et n’apparut plus en public que trois puis quatre fois, par an.
Son activité n’en resta pas moins considérable : non seulement il entretenait une abondante correspondance avec les disciples pour les guider mais il travaillait aussi sur des plans plus profonds.
Il poursuivait en même temps la composition de son grand poème épique « Savitri » .
Sri Aurobindo mourut (entra en samadhi) le 5 décembre 1950.
Le yoga par Sri Aurobindo
Avant de venir à Pondichéry, Sri Aurobindo avait déjà entièrement acquis deux des quatre grandes Réalisations sur lesquelles se fondent son yoga et sa philosophie spirituelle.
La première lui vint lors de sa méditation avec un autre yogi en 1908 : c’était la réalisation du Brahman silencieux hors de l’espace et du temps, qu’il obtint après une complète et constante immobilité de toute la conscience. Cette réalisation s’accompagna du sentiment et de la perception irrésistible de l’irréalité totale du monde.
Ce sentiment disparut toutefois après la deuxième réalisation, celle de la conscience cosmique, qu’il eut quelques mois plus tard pendant son incarcération. Cette expérience lui fit voir le Divin en tous les êtres et en tout ce qui est.
Ses méditations en prison devaient le conduire aux deux autres réalisations : celle du Brahman sous son double aspect statique et dynamique, et celle des plans supérieurs de la conscience, menant au Supramental.
Il rassembla ainsi les éléments essentiels de l’expérience spirituelle traditionnelle que l’on obtient sur le chemin de la communion divine et de la réalisation.
L’alliance de l’esprit et de la matière
Sri Aurobindo cherchait une expérience plus complète, qui unisse et harmonise les deux bouts de l’existence : l’Esprit et la Matière.
La plupart des méthodes de yoga conduisent à l’Au-delà, à l’Esprit, et finalement hors de la vie terrestre.
Celle de Sri Aurobindo, par contre, s’élève vers l’Esprit pour en redescendre enrichie, et rapporter la lumière, le pouvoir et la béatitude de l’Esprit dans la vie, afin de la transformer. Il est possible, en s’ouvrant à une conscience divine supérieure, de s’élever jusqu’à ce pouvoir de lumière , de découvrir son vrai moi, de rester en union constante avec le Divin et de faire descendre la Force Supramentale pour qu’elle transforme le mental, la vie et le corps. Réaliser cette possibilité – que Sri Aurobindo appelle la Vie Divine – est le but dynamique de son yoga.
« S’il est vrai que l’Esprit est enfoui dans la Matière et que cette Nature apparente est Dieu caché, il est évident que la manifestation du Divin et la réalisation de Dieu au-dedans et au-dehors sont le but le plus haut et le plus légitime pour l’homme sur la terre. »
Tous ces écrits ont été traduits et publiés en français :la Vie divine, la Synthèse des Yogas, le Cycle humain, l’Idéal de l’unité humaine, la Poésie future, le Secret du Véda, Huit Upanishads, Essai sur la Gita, les Fondements de la culture indienne, etc.
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