Quelques généralités sur le Vedisme.2.
Le monde védique était très structuré socialement, il n’y avait pas de notion d’individu mais seulement de groupes, de clans, de communautés. La société s’organisait autour du Veda(source de toute la spiritualité védique) et de rites très nombreux, complexes qui rythmés la vie .
Les rites – la suite-
« Nous avons bu le Soma, nous sommes devenus immortels, arrivés à la lumière, nous avons trouvé les dieux. » Rig-Veda 8, 48)
Il semble que la plante employée pour préparer le soma soit l’Asclepiasacida….. ou du cannabis … ou des champignons hallucinogènes. La plante broyée et additionnée de beurre clarifié, de lait, alimentait le feu et seuls les prêtres pouvaient le préparer et le boire après une longue préparation.
Férus de botanique, quelques érudits européens se sont efforcés d’identifier cette plante originelle aux vertus hallucinogènes, l’hypothèse la plus récente indique le champignon tue-mouches ou fausse oronge, amanita muscaria
Les rites de sacrifice védique étaient relativement simples dans la première période où le Rigveda a été composé. Ils n’avaient besoin ni *e temples ni d’images et le rituel se déroulait en plein air. Les officiants demandaient au dieu auquel on offrait le sacrifice de donner de bonne récolte, une bonne santé, un héritier male….une protection contre les mauvais sorts…..peu à peu les rites vont se complexifier et prendre une importance centrale. Le rite désigne l’acte qui rattache l’humain au divin et va concerner tout les plans de la vie privée bien sur, mais aussi et surtout communautaire ; quand le prête récite les textes sacrés, accomplit les gestes codifiés, il régénère le temps humain et permet à celui qui l’accomplit, ou à son groupe, de passer d’un statut à un autre, et d’accéder à des plans et des pouvoirs « sur-naturels ». Le rite maintient l’ordre du monde.
Le rite, le Rta ou l’Ordre cosmique
Le Rta représente l’ordre du monde : ordre a la fois cosmique, liturgique, sociétal et humain.
Dans la sphère cosmique, si les choses se déroulent comme il faut, elles se déroulent selon le rta.
Dans la sphère liturgique, agir selon le rta, c’est accomplir les rites correctement selon les règles et selon sa caste. L’idée prévaut dans le Rig Veda que l’acte sacrificiel reflète la norme de l’univers tout entier.
Dans la sphère humaine, agir selon le rta, c’est agir selon la loi morale (le dharma) et agir selon la fonction qui nous est assignée (la caste)
Le lien entre le rta et le sacrifice est parfaitement illustré par l’idée suivante: si se soleil se lève tous les matins, c’est selon le rta, mais s’il se lève aussi, c’est parce que tous les matins au lever du soleil est célébré le rituel .
La technique du sacrifice
Le sacrifice est très codifié et comprend, l’offrande, le soma, le feu, la parole, le geste …..L’archéologie n’a pas permis de mettre a jour des temples et le culte védique familial était pratiqué à la maison ou dans un champ attenant .L’offrande pouvait varier suivant la divinité a laquelle le sacrifice est adressé, les offrandes étaient généralement le lait, le beurre, les fruits, les céréales, les gâteaux…. .Dans les rituels liés à la naissance, au passage a l’adolescence, le mariage, les funérailles……les offrandes étaient plus importantes (on pouvait sacrifier en quantité chèvres, bétail……). Les rites solennels ( rite du cheval, sacre du roi, rite des moissons……) sont très élaborés, très longs et très coûteux. Les prêtres accomplissaient des rites très codifiés qui prirent des proportions inouïes .Certains sacrifices se déroulaient sur plusieurs mois, employaient des milliers de prêtres et absorbaient des revenus considérables (notamment l’Ashvamedha -le grand sacrifice du cheval).
Autour de l’autel védique, dans lequel étaient creusés des bouches de feu, on jetait le Soma, les offrandes, de très nombreux animaux et des sacrifices sanglants dans lesquels plusieurs victimes sont mises à mort sont attestés dans les textes. Une fois commencé le rituel ne devait pas être interrompu car un rituel incomplet ou inexact pouvait causer des catastrophes « …le tort fait au sacrifice rejaillit sur celui qui le commande, d’avoir mal sacrifié lui cause du tort… »
On peut considérer que le dernier sacrifice sanglant en Inde est celui des veuves qui s’immolaient « volontairement » par le feu. Ce rituel d’immolation, appelé Sati, fut aboli par les anglais au début de XIX siècle.
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Un exemple
L’Ashvamedha : le rite sacré du cheval
« On dit de ce sacrifice qu’il devait être entrepris et accompli par un roi dans le but d’assurer sa prospérité, la bonne fortune de ses terres ainsi que sa souveraineté sur les provinces voisines6. Outre l’immolation même de la bête qui était le point culminant de l’Ashvamedha, les cérémonies qui l’entouraient duraient une année complète7.
Le cheval choisi était arrosé d’eau puis le roi sacrificateur accompagné d’un prêtre officiant dans les sacrifices védiques) lui murmuraient des mantras à l’oreille . Après cette bénédiction, le cheval était lâché et laissé à errer où il le voulait pour une période allant d’un an à un an et demi (selon les interprétations). Il foulait librement les terres voisines et hostiles au roi sacrificateur et devait alors être accepté et révéré (ou non) par les ennemis. Si l’un des râja dont les terres étaient traversées par le cheval s’emparait de l’animal, c’était le signe d’un refus de suzeraineté et le déclenchement de la guerre. Dans le cas contraire, le râja qui laissait traverser ses terres sans intervenir manifestait sa tacite vassalité. Le cheval était suivi par une centaine de jeunes hommes (fils de princes ou de hauts fonctionnaires) chargés de sa protection.
Pendant cette année d’errance, d’autres rites variés étaient accomplis dans la demeure du roi sacrificateur.
Au retour de l’étalon, de nouvelles cérémonies étaient effectuées en présence des vassaux et du nouveau suzerain ; le cheval était attelé à un char doré puis était entraîné dans l’eau et baigné avant d’être oint de Ghee (beurre clarifié originaire d’Inde et utilisé dans les sacrifices religieux hindous) par la reine et deux autres épouses royales. Elles paraient finalement la tête, le cou et la queue du cheval avec des bijoux et des ornements en or. Après ces préparatifs, le cheval était abattu. La reine imitait ensuite l’acte de copulation avec le corps du cheval mort (dans un but symbolique d’assurer la fécondité de cette dernière) tandis que les autres épouses du roi récitaient des formules rituelles. L’étalon était ensuite dépecé et ses chairs rôties. Diverses pièces de viandes étaient offertes à une foule de divinités (Rig-Véda. I. 162, Yajur-Véda XXIV, 24-44).
Les prêtres officiant à l’Ashvamedha étaient récompensés par une partie du butin amassé lors de la cavale du cheval en terres ennemies. .Symbole de la société indienne, l’Ashvamedha est un sacrifice réservé aux rois qu’ils accomplissent pour étendre leurs possessions, pour obtenir une descendance ou pour expier une faute (il semblerai que ce sacrifice perdura jusqu’au XI siècle). »