Y-S de Patanjali.Y-S II.39 Aparigraha.
« Aparigraha sthairya janman kathamta sambodhah »
Après bramacharya aparigraha est le dernier des Yamas qui se traduit souvent par « non-avidité », « non-attachement ».
Aparigraha = absence d’avidité,
retenue.
Sthairya = fermeté, solidité, persévérance.
Janman = naissance, incarnation.
Kathamta = le pourquoi, l’explication.
Sambodhah = compréhension, connaissance.
« Celui qui se désintéresse de l’acquisition de biens inutiles connait la signification de la vie »
« Quand nous sommes fermement établis dans le non-attachement, nous comprenons la signification de la vie »
Au sens étymologique le mot sanskrit aparigraha est composé du préfixe de négation a, de pari « de tous les côtés » et graha « saisir, prendre ». Il peut être traduit par « ne pas prendre plus que nécessaire » ou encore l’absence de cupidité. Aparigraha se rapproche au troisième yama asteya , qui consiste davantage à prendre , a s’approprier ce qui nous appartient pas ( l’idée du vol). En revanche, aparigraha concerne un désir avide qui est enraciné dans la jalousie.
Aparigraha est le 5eme yama des Yoga-Sutra de Patanjali mais également un des enseignements centraux de la Bhagavad Gita.
« Que votre préoccupation soit avec l’ action seule, et jamais avec le fruits de l’action. Ne laissez pas les résultats de l’action être votre motif et ne vous attachez pas à l’inaction ». Ce que Krishna dit essentiellement, c’est que nous ne devrions jamais nous préoccuper du résultat d’une situation, nous devrions seulement nous préoccuper de ce que nous faisons réellement avec tout notre cœur au moment ou nous le faisons, et de laisser tomber ce qui pourrait advenir .
C’est quoi aparigraha ??
Il s’agit de ne pas accumuler les possessions.
Cela s’applique tout d’abord aux biens matériels qu’il n’est pas recommandé
d’accumuler de manière compulsive, ce penchant peut avoir plusieurs effets négatifs.
Premièrement, le fait de ne pas arriver à le satisfaire engendre la frustration, la convoitise et la jalousie.
Cela nous détourne donc d’asteya et
de la vraie richesse intérieure. Ensuite la possessivité induit l’anxiété de
perdre ce que l’on possède et donc le besoin de protéger ses biens. Cela
engendre la suspicion, voire même la violence et nous détourne d’ahimsa. L’accumulation matérielle
demande beaucoup d’efforts mais également beaucoup d’énergie pour les
conserver. Troisièmement, ces possessions finissent par nous lasser, ce qui nous
pousse à désirer encore plus..
Aparigraha ne s’applique pas uniquement aux biens matériels mais
également à la parole et à la pensée.
Au niveau du mental
Aparigraha se perfectionne par la méditation, la réflexion et le discernement de ce qui nous est vraiment utile pour progresser dans notre vie.
Au niveau de la parole.
Il peut s’agir par exemple de ne pas parler de façon superficielle, d’éviter les bavardages inutiles, de mobiliser le temps de parole pour attirer l’attention. Ce yama nous invite a privilégier l’écoute et les échanges constructifs.
Au niveau physique
C’est reconnaitre nos besoins réels et nécessaires en leur donnant satisfaction, mais ne pas aller au delà de nos nécessités.
Le désir de possession crée de l’attachement et ce que l’on désire posséder finit par nous posséder. Nous fabriquons nous-mêmes les barreaux de notre prison lorsque nous nous attachons aux objets, aux personnes, à notre image, à nos schémas de pensées, à nos émotions, à nos comportements, a nos préjugés. Aparigraha requiert un lâcher-prise qui allège et simplifie notre vie. Nous sommes alors plus à l’écoute de ce qui nous est essentiel. En nous connectant à notre vraie nature, à nos vrais besoins, on approche la vérité du monde et de soi : Satya.
Mais renoncer à l’attachement ne signifie pas renoncer aux biens matériels, aux personnes, au monde ou à nous-mêmes. Il ne s’agit pas de renoncement frustrant ou d’indifférence. Il s’agit de profiter pleinement de nos expériences, de nos « possessions nécessaires », sans chercher à les retenir et les accumuler.
L’amour possessif est également un attachement qui nous empêche d’approcher l’Amour inconditionnel (aimer sans vouloir posséder. La jalousie est bien souvent un autre visage de l’amour et la peur de perdre devient une prison pour l’autre mais est également un emprisonnement de soi-même. Vouloir posséder l’autre, l’enfermer, le modeler a son gré amène au final à le perdre soit en le dénaturant, soit en le faisant fuir.
Finalement le désir de posséder, l’attachement et l’identification à nos possessions sont a notre désir de sécurité mais également lié à la peur : peur de perdre, la peur d’être déçu, la peur du changement… et au bout du bout, la peur de la mort. Aparigraha propose de nous libérer de ces peurs pour redevenir léger, vivre l’instant présent et atteindre un état de confiance en soi et dans la Vie. Tout en étant assurés que l’Univers nous fournira au bon moment tout ce dont nous avons a réellement besoin.
La suite :Aparigraha sur le tapis , dans le quotidien et notre esprit.