
Moksha : Libération !
Moksha est un mot sanskrit qui se traduit généralement par libération. C’est , pour les hindous , le but ultime de la vie humaine, celui de la libération du cycle des réincarnations.
En principe, moksha n’est possible que par la mort, mais certaines « écoles » pensent qu’il peut s’obtenir au cours de la vie si on adopte une vie d’ascèse et de dévotion. Moksha apparaît alors comme la quatrième étape de la vie, faisant suite aux trois autres stades : celui de l’éducation, du chef de famille et celui du « retrait de la vie sociale ».
Le cycle des réincarnations entraîne les âmes à se réincarner jusqu’à l’obtention de la libération, qui peut se définir comme l’intégration ou la reconnaissance par l’homme de sa nature divine. L’homme ne connaissant pas son essence réelle, est soumis à la loi du karma qui fixe les conditions de sa renaissance et donc sa situation actuelle dans la société. Traditionnellement, atteindre la libération ou Moksha correspondrait à un état de bonheur, de paix, et d’unité avec le Divin, c’est-à-dire un état d’équilibre parfait où ne subsiste ni souffrance, ni inquiétude , ni désir.

La manière dont moksha peut être atteinte ,change suivant les traditions. De façon générale, il existe plusieurs chemins (marga) pour atteindre moksha.
& Karma marga ou « voie de l’action » : cette voie est explicitée dés le temps des Vedas (un millénaire avant notre ère). Pour la grande majorité des hindous, cette voie consiste à observer scrupuleusement les rituels quotidiens et tous les devoirs de sa caste, ce qui assure une meilleure renaissance.
& Bhakti marga ou « voie de la dévotion » consiste en une dévotion a divinité particulière, la plupart du temps : Rama, Krishna, Vishnou, ou Shiva.
& Jnana marga ou « voie de la connaissance » est traditionnellement réservée aux hautes castes. Au cours des siècles, l’Inde a vu éclore sur son territoire de nombreuses écoles spirituelles et philosophiques ayant souvent pour origine un grand maître spirituel (exemples : certains auteurs et commentateurs des Upanisads, du Sankhya…. Patanjali, Adi Shankara, ou plus près de nous Ramakrisna ou Sri Aurobindo….Ils sont les passeurs des traditions et des croyances les plus anciennes.

Le concept de Moksha se retrouve dans le Jainisme, le Bouddhisme et l’Hindouisme. Le terme nirvana est plus fréquent dans le bouddhisme, tandis que le moksha est plus répandu dans l’hindouisme. L’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme ont chacun des visions quelques peu différentes de ce que représente mosksa. Les hindous, contrairement aux bouddhistes croient en un cycle de mort et de renaissance dans lequel la prochaine incarnation dépend du karma, c’est a dire des actions que nous avons accomplis dans la vie précédente. Dans certaines écoles de l’hindouisme, moksha a des connotations de réalisation de soi dans cette vie. On pense qu’à mesure que les individus progressent spirituellement, ils commencent lentement à se libérer de l’attachement aux possessions, des désirs du monde et des faux semblants. Ils deviennent alors « Jivanmukta – des libérés vivants ». Moksha peut également s’interpréter comme émancipation, réalisation de soi, dépouillement, et discernement…..
Cette découverte libératrice passe par une discipline …….le yoga.
Les huit membres (angas) du yoga décrits par Patanjali dans les Yoga Sutras peuvent être interprétés comme des étapes sur la voie de la réalisation de moksha. Il existe plusieurs voies pour atteindre cette libération : Jnana yoga, Bhakti yoga, Karma yoga et le Raja yoga.
Le Karma yoga ou le yoga de l’action exige qu’on accomplisse son devoir sans aucune pensée pour soi-même, ni vouloir retirer des bénéfices de ses actions et engagements. En faisant de l’accomplissement de son devoir, des ses actes, une offrande a « Dieu » on obtient une purification intérieure qui procure l’union avec le divin.
Bhakti yoga ou le yoga de la dévotion, demande que les prières, les rituels, la psalmodie des écritures, les offrandes et la méditation sur l’image du Créateur atteignent une intensité telle, que les barrières internes du karma se consument et que le Créateur se révèle à la conscience. L’unique condition de la Bhakti est de consentir à s’abandonner totalement à la dévotion envers Dieu.
Jnana yoga ou yoga de la connaissance implique des connaissances et des techniques intellectuelles et psychologiques, afin de contrôler les actions que l’on mène, et d’explorer son inconscient. Le but n’est pas la cumulation des savoirs, mais une de connaissance qui permet l’expérience de l’union avec le divin, le sacré ou simplement de l’équilibre intérieur. La connaissance est une expérimentation.
Le Raja yoga réunie les trois voies.
Peu importe la voie choisie, le but reste le même : la découverte de sa vraie nature (de l’âme spirituelle….de l’Absolu) laquelle ne fait qu’un avec le divin.
Moksha est la libération du cercle de naissance-mort-renaissance.
» Quant à celui qui n’est pas consumé par le désir, qui est libre par rapport au désir ….à tous les désirs …..ses souffles ne s’échapperont pas (vers d’autres régions),… quand toutes les passions s’évanouissent…..alors lui qui est mortel devient immortel. Dès ici-bas…..il est un délivré vivant] ».Brhad-aranyaka-upanisad 4.4
Aujourd’hui Moksha ??? La libération ???
Bien connaître la force de nos habitudes, de nos attachements, de nos émotions, de nos conditionnements permet de nous en détacher, ce qui permet de mettre de la distance et de vivre mieux avec soi et les autres. Pour y parvenir, il nous « suffit » de cultiver l’authenticité et le discernement. Il est important aussi de savoir dire « non » régulièrement pour d’offrir des « oui authentiques » a nos vrais valeurs. Moksha est peut être simplement de mettre en accord ses actes, ses paroles et son cœur !!!!

Quelle joyeuse libération !!!
Sources : Jean Herbert