
Yoga-Sutra de Patanjali.Y-S III-3 . Le Samadhi.
tad-eva-artha-matra-nirbhasam svarupa-sunyam-iva samadhiḥ
Tad : celui-ci. Eva : même. Artha :les sens. Matra: seulement. Nirbhasam :resplendir. Svarupa : forme. Sunyam : vide. Iva : comme si. Samadhih : samadhi.

“Lorsque la nature essentielle de l’objet resplendit en toute pureté, comme s’il n’avait plus de forme propre : c’est Samadhi »
« La méditation continue jusqu’à ce que seule demeure la conscience de l’objet :c’est le Samadhi »
Dharana, Dhyana et Samadhi sont les différentes phases d’un même processus mental. Chaque étape différant de la précédente par la profondeur de la concentration atteinte. Samadhi est le huitième et dernier membre sur la voie du yoga, telle que la définie Patanjali . Le terme “Samadhi ou Samadhih” est dérivé de racines sanskrites ; sam signifiant « ensemble, un sens vers » et dhe « mettre ». Les traductions varient et les interprétations vont « d’ unification» à « libération » à « illumination ».

Dans l’hindouisme et le bouddhisme, le samadhi est considéré comme l’aboutissement de la recherche spirituelle, mais il a les significations et le chemin pour y parvenir sont différents. Dans le yoga, le samadhi est l’état dans lequel la conscience individuelle et universelle s’unissent ,et il symbolise la connexion ultime avec le Divin.
Ce que Patanjali appelle samadhi est un état difficile à expliquer. De nombreux textes spirituels décrivent cet état de différentes manières. On pourrait dire qu’il n’y a plus en soi de dualité : il n’y a plus de « moi » et de « toi », il n’y a plus de « j’aime » ou de « n’aime pas », il l a juste « est ». C’est un état de paix profonde, un état d’abandon complet.
Le sutra III-3 décrit les obstacles majeurs qui nous empêche d’expérimenter le samadhi :

& une perception erronée (nous pensons que nous sommes uniquement des corps matériels).
& l’identification aux rôles que nous jouons dans la vie, et qui nous font rester à la surface de nous même.
& L’attachement a notre ego, aux personnes et aux situations qui semblent nous combler momentanément.
& et le fait de détourner notre regard de toute expérience négative , de ce qui nous dérange, qui sont pourtant des possibilités d’évolution.
Comment atteindre le Samadhi?

Pour atteindre le Samadhi, « il faut se détacher du mental » dit le sutra I-2.
Le samadhi, tout comme l’intégralité du Yoga de Patanjali s’adressait, a l’époque ou il paru, a ceux qui étaient sur le chemin de la spiritualité et étaient déjà des initiés. Pour nous, se détacher du mental peut être simplement une pratique du « lâcher-prise ». Lâcher prise c’est accepter ce qui est, ce qui survient, accepter l’autre dans la différence, sans le vouloir pareil à soi, ou tel qu’on voudrait qu’il soit, aimer sans vouloir attacher et s’attacher….. Le Lâcher prise induit le non-attachement. Mais cette pratique du lâcher-prise présuppose de savoir et d’avoir discerner ce qu’il est bon de lâcher : ce qui implique une certaine introspection
Dans le texte , Patanjali énumère neuf états de samadhi représentant chacun un niveau d’approfondissement de plus en plus profond.
« Sa vitarka » est la première étape ou le mental est encore focalisé sur un objet matériel, il y a une conscience neutre de l’objet mais pas de pensée, ni jugement, ni projection, ni référence…)Exemple , si je me focalise sur une pomme, je ne vais pas voir une golden, une gala, ni une belle pomme ou une pomme ridée, elle ne sera ni grosse ni petite , ne suscitera en moi aucune envie, aucun souvenir… c’est la pomme (un peu comme un concept . Le but ultime est « dharma megha » ou toutes les entraves, toutes les causes de l’attachement, tout s’est dissous, il ne reste que « la Lumière »

C’est la « Libération » « la Contemplation ».
Tribulations autour du Samadhi .Par Alexandre Astier( historien de l’Inde ancienne)
« Le premier chapitre des Yoga-sutra fait état de deux grandes catégories de samadhi : avec connaissance (I.17) et sans connaissance (I.18)…..
Le samadhi avec connaissance (samprajata-samadhi) est une expérience mentale où le yogin obtient une connaissance intégrale de l’objet (ou du support) qui sert de base à sa pratique…….. Durant ce samadhi, le yogin ne fait plus qu’un avec le support de sa pratique, il s’identifie, s’absorbe totalement dans l’objet de sa pratique de méditation. Ce samadhi avec connaissance vient après un entrainement (qui commence avec les yama, niyama … les fameux huit membres du yoga). Ce sont des exercices progressifs de méditation.
Dans le samadhi avec connaissance le texte nous dit qu’il y a quatre sous variétés selon le degré d’absorption atteint (nommées samapatti à la fin de ce chapitre, I. 41-51)
Le samadhi sans connaissance (a-samprajata-samadhi) I.18 est le stade ultime du samadhi qui se réalise après une longue pratique des divers samadhi avec connaissance précédents ………………………….Dans cette forme de samadhi sans connaissance, le fonctionnement du mental, du moins sa partie consciente, s’arrête……………………A l’intérieur même de ce samadhi sans connaissance il y a une forme de gradation……………………Pour arriver à la libération définitive (kaivalya) il faut laisser s’épuiser la représentation mentale au profit de ce qui la dépasse, c’est-à-dire …. le principe spirituel …..le divin…… »